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Photo du rédacteurGuy Saxemard

Réflexion sur une démission…

Il y a quelques semaines, nous avons appris la démission du président de la Fédération des églises adventiste de la Martinique. Cette nouvelle a étonné certains. D’autres m’ont dit s’y attendre et que cette décision arrivait bien tard. Oups! Nous n’avons tous la même lecture dune situation.

 

J’ai toujours partagé avec vous mes réflexions sur des sujets divers et variés concernant la vie chrétienne, le leadership ou encore notre manière d’appréhender le message biblique dans une société postmoderne. Mon but a toujours été d’inciter à une réflexion abordé sous l’angle de ce que Dieu attend de nous. Je ne pouvais donc pas, moi l’observateur de la vie religieuse toutes dénominations confondues, éviter ce sujet; car il appelle de sérieuses réflexions.

 

Une actrice et réalisatrice française du nom d’Agnès JAOUI a fait cette déclaration: « Dans notre nouvelle société de l’immédiateté, l’idée de prendre son temps a en partie disparu, emportant avec elle celle de la réflexion. » Elle a parfaitement raison. Personnellement, je ne veux pas ne pas avoir cette possibilité de réfléchir. Je ne veux pas me contenter des idées toutes faites, celles que tous acceptent majoritairement sans rien dire. Réfléchir est un don et une liberté accordé par Dieu. Permettez moi donc de faire l’usage de ce don et de cette liberté. 

 

La démission d’un dirigeant d’église quelque soit le niveau de responsabilité n’est jamais anodine. Bien sûr, il peut y avoir des raisons valables liées à la santé ou à la morale par exemple. Mais il ne me semble pas que nous soyons dans ce cas ici (en tout cas, cela n’a pas été dit). La démission en dehors de ces cas, dit quelque chose sur la situation de l’église. Sur sa santé spirituelle. Cela doit nous amener à une évaluation de notre spiritualité. À un diagnostic de notre fonctionnement. À retourner vers Dieu pour chercher à comprendre ce qui est en train de se jouer. Quand celui qui doit conduire le troupeau décide d’abandonner sa fonction et de démissionner, il est de notre devoir de nous interroger. C’est peut-être pour certains un acte purement administratif, mais il a tout de même un impact non négligeable sur la vie de l’église dans son ensemble. Nous ne pouvons non plus ignorer que, dans le cadre du grand conflit entre le bien et le mal, toute situation peut être utilisée par le diable pour affaiblir l’église, perturber son fonctionnement et ralentir sa mission.

 

Je ne souhaite nullement porter un jugement sur l’homme ni sur l’acte posé. Je ne mettrai pas non plus en cause son ressenti. Je ne mettrai pas le doigt dans une relation entre un homme et son Dieu. Je veux seulement porter une réflexion sur ce que cela dit de notre communauté. De notre église. De l’accomplissement de la mission. Et surtout mettre cet acte en regard de l’état de la société actuelle et des défis qui se posent à l’église aujourd’hui. L’analyser avec en perspective le contexte social actuel de notre petite île et des conflits qui la gangrènent. Cette analyse strictement personnel et imparfaite n’engage bien sûr que moi. J’assume totalement mes propos. Je ne dis pas avoir raison. Loin de là ! Je réfléchis juste, car je crois que dans la réflexion, nous pouvons trouver des voies et moyens pour nous ramener vers Dieu et son plan. Vers l’essentiel.

 

Dans le message adressé à la communauté pour annoncer cette démission, l’intéressé lui-même a donné un indice sur les raisons de son acte. Il dit avoir rencontré de « l’opposition… durant les deux dernières années » de l’exercice de ses fonctions (voir Annonces fédérales du 26 octobre 2024). Je vous avoue avoir été étonné par cette tournure. Les mots ont un sens et leur utilisation n’est pas anodine. J’ai déjà entendu cette tournure dans une assemblée politique, au sein d’un conseil municipal, d’un conseil d’administration d’une entreprise ou d’une association.

 

Mais j’ai du mal à les entendre dans le cadre d’une assemblée spirituelle dirigée par l’Esprit et qui nourrit le fruit de l’Esprit. Fruit de l’Esprit qui se définit par l’amour et la paix et tout un ensemble de bons sentiments. Je ne crois pas non plus que nous soyons dans un monde de bisounours et qu’il n’y a aucun conflit dans nos communautés, ni au sein de l’administration de l’église. Par contre, je veux croire qu’en tant que chrétiens, nous faisons face à nos conflits différemment (Matthieu 18: 15-18) et nous les réglons non avec les armes humaines en produisant des gagnants et des perdants, mais plutôt en cherchant la volonté de Dieu pour chacun individuellement, collectivement pour l’Église et pour l’avancement de sa mission.

 

Dans le monde d’aujourd’hui, s’opposer est devenu un sport national. On s’oppose à tout et à tout le monde. Cette situation née de l’individualisme abîme toutes nos relations. Notre société semble aimer les situations de conflits. Mais l’église est à l’opposé de la société. L’église n’est pas un lieu de conflit. Ou si elle est en conflit, elle l’est contre des idées contraires à la Parole de Dieu. Contraires aux exigences de Dieu. Jamais contre des personnes. Et en notre sein, nous ne nourrissons pas des conflits interpersonnels. Nous prônons l’amour, la paix et la bienveillance.

 

Au sein de l’église, nous ne fonctionnons pas sur la base de l’opposition, ni du fait majoritaire pour écraser les autres. Nous fonctionnons sur la base de l’amour vrai, en accord avec la volonté de Dieu dans une institution qui ne nous appartient pas et dans laquelle chacun par le ou les dons qu’il a reçu  du Saint-Esprit est un élément important dans l’accomplissement de la mission (1 Corinthiens 12).

 

Parler d’opposition, c’est parler de division. C’est parler d’une situation conflictuelle qui a duré et qui n’a pas trouvé de solutions; chacun campant sur ses positions et pensant avoir parfaitement raison. Et la division n’est pas un fruit de l’Esprit (Galates 5: 19 à 21). Il est purement charnel et n’est pas l’apanage de celui qui vit sous la dictée de l’Esprit. Lorsque l’opposition et les divisions sont au niveau de la direction de l’église, il nous faut prendre le temps nécessaire pour comprendre la situation, non dans un contexte purement humain, mais dans un optique spirituel. Il ne s’agit de changer de dirigeant au gré de nos envies. L’Église n’est pas une équipe de foot dont on change l’entraîneur selon les résultats de l’équipe. L’Église n’est pas une institution qui se dirige comme une entreprise. Nous avons des valeurs, une vision du monde et une conception des relations humaines qui nous différencie de toute organisation humaine. Et dans le contexte conflictuel actuel de la société martiniquaise, quel crédibilité avons-nous ? Comment être des artisans de paix quand nous ne savons pas résoudre pacifiquement nos conflits interpersonnels ?

 

La démission d’un leader spirituel n’est donc pas à prendre à la légère. Ce n’est pas un fait anodin sur lequel on passe comme sur les prévisions météorologiques. Il est vrai que les événements nous disent que Jesus revient bientôt et que nous devons être pétris de ce sentiment d’urgence pour terminer la mission. Mais l’urgence n’est pas à confondre avec la précipitation. Le zèle n’est pas à confondre avec un activisme acharné et sans réflexion. Il faut prendre le temps de la réflexion. Une réflexion sanctifiée reposant sur la Parole de Dieu. Agir dans la précipitation, c’est prendre le risque de se tromper et d’aggraver une situation qui est déjà difficile. Combien de fois l’armée d’Israël a lamentablement échoué parce qu’elle a agi dans la précipitation. Il faut prendre le temps de chercher la face et la volonté de Dieu.

 

Aucun homme, si providentiel soit-il, n’a LA solution pour permettre à l’église de terminer la mission. Personne n’a, à lui seul, une vision globale et complète des enjeux et des forces qui se jouent aujourd’hui au sein de l’Eglise. Et aucun de nous n’a, à lui seul la force de résister aux forces du mal. Dieu a besoin aujourd’hui de son peuple, de son armée, de son Église. Tous ensemble et unis. C’est sûrement la raison pour laquelle, depuis son origine, dans l’organisation de l’église, aucun homme ne prend de décision tout seul pour l’église (Actes 15). Toute décision est prise par un concile, un comité, une commission ou un conseil d’administration. Il s’agissait d’éviter toute dérive d’un homme se pensant plus important que les autres et ayant à lui seul les faveurs de Dieu.

 

Dans notre fonctionnement humain, nous cherchons toujours LE coupable d’une situation donnée. Et il serait facile, dans le cas présent, d’accuser celui qui a démissionné de tous les maux de l’église. Nous aurions profondément tort de penser ainsi. Ce serait nous déresponsabiliser que de penser la sorte. Nous avons tous une part de responsabilités dans la situation actuelle. Y compris moi. Et il y a aussi un conseil d’administration. C’est l’organe dirigeant de l’église adventiste en Martinique. Quelle est sa véritable place ? Joue-t-il vraiment et convenablement son rôle ? Il y a aussi cette évaluation à faire si nous ne voulons pas reproduire les mêmes effets. Nous ne pouvons vouloir changer sans reconnaître notre réalité face à Dieu (réveil) et sans changer ce qui doit l’être (réforme).

 

Il ne faut donc pas réfléchir la situation actuelle de l’église adventiste à la Martinique sous l’angle de l’homme qui devra remplacer le président démissionnaire, mais sous l’angle de la volonté de Dieu pour son peuple dans ce petit territoire. Ce petit point sur le globe. Cette poussière dans l’univers qui fait fait partie de la création et qui a toute l’attention de Dieu.

 

Dans l’histoire du peuple d’israël, dont nous disons être les héritiers spirituels, lorsque le peuple se retrouvait en difficulté et qu’ils avaient du mal à trouver LA solution ou à comprendre la volonté divine, la Bible dit qu’il prenait le sac et la cendres, en signe d’humilité et de recherche de la volonté de Dieu. Il se rassemblait, jeûnait et priait. Je crois qu’aujourd’hui, nous devrions revenir à cette pratique et à cet état d’esprit.

 

Face à la situation singulière que traverse la communauté adventiste à la Martinique, il est temps qu’individuellement et collectivement; nous nous mettions en prière. Je ne parle pas ici d’un énième programme de prière, mais d’une vraie attitude d’humilité face à Dieu, attendant sa réponse et sans chercher à faire des pronostics sur ce que nous croyons être la meilleure solution et la réponse de Dieu. Nous devons accepter cette phase où nous prenons conscience que nous n’avons pas la main, que nous ne maîtrisons rien et que nous avons besoin de Dieu. Nous devons lâcher prise et permettre à Dieu de diriger son Église à travers chacun de nous. Nous devons comme Daniel, dans le chapitre 9 de son livre, reconnaître que nous avons individuellement et collectivement failli à nos devoirs, négligé nos responsabilité, que nous n’avons pas toujours fait les choses selon la volonté de Dieu. Oui, nous sommes tous responsables de la situation actuelle soit en ayant cautionné certaines choses ou en ayant gardé le silence. Il nous faut sortir des postures individualistes où chacun estime avoir raison pour penser aux intérêts de l’Église de Dieu et à l’urgence de la mission. Pour défendre Dieu et sa cause dans nos vies et dans l’Église, il nous faut cette vision du trône. Cela n’est possible que dans l’humilité et la prière.

 

«…si alors mon peuple qui est appelé de mon nom s’humilie, prie et recherche ma grâce, s’il se détourne de sa mauvaise conduite, moi, je l’écouterai du ciel, je lui pardonnerai ses péchés et je guérirai son pays. »

2 Chroniques 7:14 BDS


Une autre suivra et abordera le sujet de l’objectif d’une assemblée générale.

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